Le projet de la Route Transsaharienne (RTS), financé par la Banque Mondiale et mis en œuvre par le gouvernement du Tchad, vise à améliorer les infrastructures de transport afin de favoriser le désenclavement, promouvoir le développement économique, et renforcer la connectivité entre le Tchad, ses provinces et les pays voisins. Ce projet stratégique ambitionne non seulement d'améliorer la fluidité des échanges entre N'Djamena et des provinces comme le Lac, le Kanem et le Hadjer-Lamis, mais aussi d'intégrer le Tchad au réseau routier transsaharien reliant le Niger, le Mali, l'Algérie, et la Tunisie.
I.1. Les Composantes du Projet
Le projet RTS comporte quatre composantes principales, chacune visant des objectifs spécifiques pour répondre aux enjeux socio-économiques, environnementaux et commerciaux de la région :
1. Connectivité multimodale et accès aux services de base
- Sous-composante 1.1 : Modernisation du tronçon Liwa-Rig Rig de la RTS et des routes de desserte pour renforcer la connectivité avec le Niger et dynamiser les zones rurales à fort potentiel agricole et commercial. Un tronçon de 55 km sera asphalté et 20 km de routes de desserte seront modernisés.
- Sous-composante 1.2 : Amélioration de la navigabilité du Lac Tchad, avec des études pour moderniser le transport sur le lac, les fleuves Chari et Logone, incluant le balisage et le dragage pour faciliter la navigation.
2. Appui au développement des chaînes de valeur et facilitation du commerce
- Sous-composante 2.1 : Développement de chaînes de valeur agricoles et commerciales comme le poisson, le bétail, la spiruline et des cultures telles que le maïs et le millet, en améliorant la logistique et le transport dans la région sahélienne.
- Sous-composante 2.2 : Soutien aux opérateurs locaux par la formation, des subventions pour PME et associations locales, en particulier celles gérées par des femmes.
- Sous-composante 2.3 : Facilitation du commerce régional par des mesures visant à simplifier le passage des frontières pour les petits commerçants.
3. Renforcement institutionnel et gestion du projet
Cette composante alloue 15 millions USD pour soutenir les ministères clés et les institutions dans la mise en œuvre, la gestion et le suivi des activités liées au projet. Elle inclut également des actions de sauvegarde environnementale et sociale, ainsi que des mesures pour assurer la sécurité et le bien-être des bénéficiaires.
4. Composante d'intervention d'urgence contingente (CERC)
Cette composante permet une flexibilité en réaffectant les fonds non engagés du projet en cas d'urgence, afin de financer des activités de réponse rapide et de reconstruction.
I.2. Objectifs et Plan de Mobilisation des Parties Prenantes (PMPP)
L'objectif principal du Plan de Mobilisation des Parties Prenantes (PMPP) est de définir une stratégie de communication et de consultation des différentes parties prenantes tout au long du cycle du projet. Ce plan permet d'assurer que toutes les populations, notamment les plus vulnérables, soient informées et puissent exprimer leurs préoccupations et suggestions concernant le projet. Le PMPP vise à impliquer les groupes défavorisés, tels que les femmes, les jeunes et les personnes handicapées, afin de garantir leur participation dans le processus décisionnel et dans la répartition des avantages du projet.
III. Identification des Parties Prenantes
III.1. Parties touchées
Les parties touchées directement par le projet incluent les communautés locales des zones rurales dans les provinces du Lac et du Hadjer Lamis, telles que Liwa, Rig-Rig, Bagasola et Bol. Ces populations bénéficieront de l'amélioration des routes et de la navigabilité du Lac Tchad, favorisant ainsi le commerce, l'agriculture et la mobilité. Les organisations locales comme l’Association pour le Développement du Lac (CADELAC) et diverses associations de femmes jouent un rôle clé dans l'accompagnement du projet.
III.2. Autres parties concernées
Les autres parties concernées regroupent les ministères gouvernementaux, les services publics et privés, ainsi que les ONG nationales et internationales. Ces acteurs contribuent à la création d'un environnement favorable à la mise en œuvre des activités du projet, notamment en facilitant le commerce régional et en soutenant les initiatives de développement local. Les médias et les agences des Nations Unies (UNHCR, PAM, UNICEF, etc.) participent également en sensibilisant les populations et en suivant la mise en œuvre du projet.
III.3. Groupes vulnérables
Les groupes vulnérables comprennent les personnes vivant avec un handicap, les déplacés internes, les veuves, les orphelins et les ménages dirigés par des femmes. Ces groupes sont identifiés comme nécessitant des efforts d'engagement spécifiques pour garantir leur inclusion et leur accès aux avantages du projet.
Conclusion
Le projet de la Route Transsaharienne (RTS) du Tchad représente une initiative majeure pour le désenclavement du pays et le développement de ses infrastructures de transport. En connectant les provinces rurales au réseau routier régional, en améliorant la navigabilité du Lac Tchad et en soutenant les chaînes de valeur locales, ce projet aura des retombées significatives sur le commerce, l'agriculture et les conditions de vie des populations. L'approche inclusive, qui prend en compte les groupes vulnérables et implique activement les communautés locales et les parties prenantes, est un aspect central du succès de cette initiative.