Réponse aux questionnaires
1- Vous venez d’investir, il y a 6 mois, les reines du très important département des Infrastructures, des Transports et du Désenclavement. Dites-nous, comment vous avez retrouvé et comment se porte-t-il ?
Je voudrais tout d’abord vous remercier pour cette opportunité que vous m’accordez de communiquer sur les activités du Ministère des Infrastructures. Ce département, je l’ai trouvé comme tous les ministères, il a fait son chemin. Ceux qui étaient chargés de l’animer avant moi, l’on fait correctement avec un grand sérieux sous le leadership du Président de la République. Les réalisations sont visibles sur l’ensemble du territoire national et cela mérite d’être salué. Aujourd’hui, la conjoncture économique a quelque peu ralentie notre élan mais, nous poursuivons les efforts pour atteindre nos objectifs de désenclavement intérieur et extérieur afin de faciliter les mouvements des biens et des personnes.
2- Voyager à l’intérieur du pays est devenu très laborieux et périlleux de nos jours à cause de très mauvais état de certaines routes, pourtant, récemment construites à l’instar de la route nationale N’Djaména-Kélo. Comment expliquez-vous cette dégradation généralisée et prématurée de ces routes et qu’est-ce qui se fait pour leur réaménagement ou leur reconstruction ?
Dégradé c’est une évidence, mais ce n’est pas une dégradation précoce comme vous le dites. En réalité ces tronçons auxquels vous faites allusion ont cédé sous l’effet conjugué du poids de l’âge et d’intense trafic des camions gros porteurs enregistrés ces dernières années notamment avec le basculement du trafic de l’axe Ngaoundéré-Garoua-Maroua-Kousseri-N ’Djamena sur ces tronçons à cause de l’insécurité au nord Cameroun due à la secte Boko Haram. Les travaux d’entretien courant effectués sur financement du Fonds d’Entretien Routier (FER) ont montré leurs limites donc, il va falloir les renforcer ou les réhabiliter pour leur donner une nouvelle vie. Pour y parvenir, nous y attelons pour réaliser au cours de cette année les études qui nous déterminerons le type d’intervention à faire et le coût prévisionnel que soumettons aux institutions de financement. Mais entre temps, nous allons réaliser des travaux d’urgence en vue d’offrir aux usagers un niveau de service acceptable.
3- Votre département dispose d’un important Fonds d’Entretien Routier (FER), alimenté entre autres, par les frais de péages disséminés le long des principales routes nationales. Pourtant les entretiens ne suivent pas. A quoi sert ce fonds ?
Les péages routiers ne génèrent pas beaucoup de ressources comme le pense le commun de tchadiens. Leurs contributions dans le budget du Fonds d’Entretien Routier (FER) sont de l’ordre de 1,5 milliards F CFA sur un budget qui oscille entre 11 et 12 milliards de F CFA provenant essentiellement de la redevance d’usage routier sur les produits pétroliers. Ces ressources servent aux paiements des travaux d’entretien courant des routes bitumées, des routes en terre, des travaux d’urgence, entretien et conduite des bacs et prestations connexes telles que les prestations de l’opérateur (AGER) Agence d’Entretien Routier. Aujourd’hui, les besoins réels d’entretien routier se chiffrent à plus de 50 milliards de F CFA, alors que les ressources disponibles ne représentent que 18% de ces besoins réels. Cette inadéquation entre les ressources disponibles et les besoins réels nous complique les procédures de planification des travaux d’entretien routier conduisant au niveau du département à des arbitrages souvent difficiles. Il va falloir rechercher d’autres ressources pour prendre en charge le GAP qui se creuse d’année en année.
4- Pourriez-nous dire pourquoi le projet de bitumage de la route Kélo-Pala, annoncé depuis plusieurs années ne se concrétise guère alors qu’autres chantiers, notamment celui de l’axe Ngouri-Bol, moins ancien, connaît une bien nette avancée ?
La route Kélo-Pala est une route très importante dans la mesure elle dessert une zone minière et de forte production agricole. Je comprends l’impatience des populations et des usagers mais, le retard accusé dans le démarrage de ce projet est lié à des contraintes techniques. Ce qu’il faut savoir, pour tout projet structurant, il y a des étapes à franchir avant le début de la mise en œuvre. Au nombre de ses étapes, il y l’étude de faisabilité, les études socio-économiques et techniques. Après leurs validations, il faut les soumettre aux institutions de financement de développement, qui envoient une mission d’évaluation, présentent un dossier au Conseil d’Administration qui l’approuve. Une fois approuvé, il faut lancer l’appel d’offre etc. Ce sont ces facteurs qui ont retardé si vous voulez la matérialisation du projet Kélo-Pala qui tient à cœur le Chef de l’Etat. Toutefois, le projet a démarré au mois de mai 2017 avec le concours de la BDEAC mais les travaux interrompus pour cause d’impayés. Actuellement le gouvernement et la BDEAC s’attellent à remédier à cette situation.
5- Au sujet de la ligne ferroviaire Ngaoundéré-N’djamena, de bonnes sources indiquent qu’il y a tiraillement entre le Tchad, partisan du passage de cette voie ferrée par Ngaoundéré-Moundou-Kélo-Bongor-N ’Djamena et le Cameroun attaché à un passage par Ngaoundéré –Garoua-Maroua-Kousseri-Ndjamena. Le Tchad a-t-il définitivement perdu ce bras de fer face à son puissant voisin ?
A l’instant où nous échangeons, aucun tracé de l’extension du chemin de fer camerounais à partir du terminus de Ngaoundéré vers N’Djamena n’a été retenu. Les termes de référence validés par les deux parties en présence de notre partenaire technique et financier la BAD, lors des travaux de la 3ème session de la Commission ferroviaire Tchad-Cameroun tenu à Yaoundé en juillet 2017 dispose que l’étude de faisabilité analysera trois tracés possibles, à savoir «Ngaoundéré-Moundou-Kélo-Bongor-N ’Djamena»; «Ngaoundéré–Garoua-Maroua-Kousseri-Ndjamena» et «Ngaoundéré–Garoua-Figuil-Léré-Pala-Kélo-Bongor-Ndjamena»
Les conclusions de cette étude nous permettront de décider du choix du tracé de cette ligne de chemin de fer sous régional.
6- Quid de la route transsaharienne ? À ce jour, l’Algérie, le Nigéria et la Tunisie ont achevé leurs parties. Où en est le Tchad avec le tronçon N’Djaména-Zinder ?
Sur la branche tchadienne qui s’étend sur 585 Km, il y a de quoi se réjouir. En dépit de la crise économique et financière que traverse le Tchad, les choses avancent dans le bon sens. À la date d’aujourd’hui, 150 km de route allant de N’Djaména-Massakory via Massaguet sont déjà bitumés. Les sections Massakory-Ngouri 85 Km, Ngouri-Bol 100 Km et Rig-Rig-Daboua-Frontière du Niger 100 Km sont en cours d’exécution. Par contre la section Bol-Liwa démarrera d’ici la fin du 1er trimestre de l’année 2019. Cependant, il subsiste un maillon Liwa-Rig-Rig long de 57 km qui n’a pas encore de financement, mais le Gouvernement a déjà introduit des requêtes auprès de nos partenaires traditionnels pour solliciter leurs appuis afin de compléter ce chainon manquant.
7- Enfin, votre ministère a entrepris un certain nombre de réformes nécessaire à son bon fonctionnement. Ces restructurations, ayant débouché sur des licenciements, sont menés non sans difficultés. Comment gérez-vous ces situations et quelles sont les perspectives de votre département pour cette année qui vient de commencer ?
La réforme intervenue en 2016 en vue d’améliorer sa gouvernance a conduit à l’adoption d’un plan de restructuration du BNF. Lequel a débouché sur la réduction des effectifs tout en respectant la procédure prévue par le code de travail. Nous l’avons fait sur la base d’une étude réalisée par un cabinet indépendant. C’est une décision assez douloureuse mais, nous n’avons pas d’autres choix car, les charges dépassaient de loin les ristournes concédées par le FER dans le cadre d’une convention qui les lie. Les perspectives s’est d’arriver à solder le passif du BNF, dématérialiser les moyens de paiement afin de sécuriser les ressources indispensables à l’entretien de notre réseau routier dont les linéaires ne cessent de croitre d’année en année.
Mot de la fin
J’invite l’ensemble de la population tchadienne au civisme, construire une route est importante mais sa protection est encore mieux, donc il faut que nous sauvegardions notre patrimoine routier, personne ne le fera à notre place